Album culte: The Triffids "Calenture" (1987)

Publié le par Megalo Paul




    Une fois n’est pas coutume, l’album culte de ce mois-ci a été repêché dans les mers agitées et synthétiques des années 80. Ce trésor caché au fond de l’océan pacifique n’est qu’une partie du magot de chansons intemporelles écrites par ces australiens venus faire fortune en Angleterre. Mais l’aventure tourna court et après leur unique succès avec l’album « Born Sandy Devotional » en 1985, les Triffids enregistrèrent seulement trois albums dont ce magnifique « Calenture » honteusement oublié et néanmoins indispensable, pour toute bonne discothèque idéale qui se respecte. Alors bien sûr, certains objecteront que le son est daté, que les arrangements de Gil Norton (Echo and the bunnymen, Pixies, Ben Kweller) sont un peu "grandiloquents" et s’imposent parfois au détriment des chansons; mais une écoute attentive suffira à nous convaincre: nous sommes bien en présence de magnifiques mélodies interprétées par un groupe au sommet de son art, embellies par les milles détails d’une production audacieuse.    

     Et ce qui impressionne au premier abord, c’est l’espace qui semble habiter cette musique ; c’est un peu comme si, une fois dans le brouillard citadins de Londres, les Triffids et leur leader David Mc Comb avait ressenti le besoin de s’évader à travers leur œuvre, pour retrouver leur Australie natale, ses paysages grandioses et ses déserts sans fin. Calenture est donc un disque de voyage, de chansons de marins loin de leur pays, mais aussi un disque de rock, au confluent de la musique country américaine et de la brit pop. « Burry me deep in love », « open for you », « a trick of the light », « Kelly’s blues »…autant de pépites que l’on peut décrire comme un croisement entre le rock U.S de Springsteen et de Fletwood Mac, et la pop raffinée de Prefab Sprout et des Go Betweens. Qui peut encore penser après cela, que les eighties furent une décennie perdue pour le rock ?


Note : 17/20
A écouter de préférence : En sifflant (une bonne bouteille de rhum)

Anecdote concernant l’album :

*A l’arrière de la pochette du disque est donnée une définition du mot étrange qu’est « Calenture ». La voici : « délire tropical qui affecte les marins qui imaginent la mer comme une étendue de champs verts et qui ont alors le désir de sauter dedans »

*Avant d’enregistrer Calenture, les Triffids sont retournés en Australie et on enregistré, dans le ranch des Mc Comb, en plein désert, l’album « In the Pines », considérés par certains comme l’héritier des Basement Tapes de Dylan, et le précurseur du courant Lo-fi.

* « Calenture » ne connu qu’un succès d’estime puisque les critiques l’encensèrent, mais le public ne suivit pas. Les Triffids reçurent 5 ans plus tard une récompense pour l’ensemble de leur carrière, lors des victoires de la musique australienne. Le publique fut surpris de voir arriver sur la scène pour chercher le prix, une jeune femme avec un plateau et un habit de serveuse : ce n’était autre que la claviériste du groupe, qui était depuis employée du casino où avait lieu la cérémonie.

*Le nom du groupe est tiré d’un classique de la science fiction « The day of the Triffids » écrit en 1951 Par John Wyndham. Il y est question d’une variété de plantes carnivores extra-terrestres qui envahissent la terre et rendent les humains aveugles.

 


Publié dans Albums cultes

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