Razorlight : Razorlight (Sept 2006)

Publié le par Megalo Paul




    Ah! L’épreuve du deuxième album: on pourrait écrire toute une littérature sur ce périlleux exercice! La plupart du temps, « deuxième » est synonyme de « répétition », de « soufflé qui se dégonfle » ou au mieux, d’ « album produit avec plus de moyens » (ce qui ne veut pas dire « mieux produit »). Mais parfois, c’est aussi étonnant comme un groupe peut changer positivement en un album. Comment l’expliquer? Un artiste qui a enfin réussi à percer  peut alors avoir envie de conquérir les sommets. Une question d’ambition donc…et il semble bien que ce soit le cas ici avec Razorlight. Il y a deux ans sortait « Up all night », gentil recueil de chansons rock (dans la lignée Strokes, Libertines…). La seule chose qui les démarquait alors était leur nom de groupe puisque celui-ci n’était pas précédé d’un « The », mais aussi une envie et une ambition hors normes…

    Il est donc question du « second album », mais aussi de « l’album dont le titre est le même que le nom du groupe ». Et ça, ce n’est jamais vraiment innocent, veuillez bien me croire. Car si l’on réfléchit, qu’est-ce qui peut pousser un groupe à  donner un tel titre à un album, si ce n’est le sentiment d’avoir atteint une certaine maturité, d’être arrivé à réaliser l’album parfait, celui qui nous ressemble le plus.

    Ce sentiment pourrait aussi s’accompagner d’une certaine fierté; elle serait à mon avis tout à fait justifiée. Razorlight est un excellent album de rock classique ; j’entends par là cette tradition nourrie par les oeuvres de Springsteen, des Stranglers et autres U2. La référence à ces derniers semble bien être d’ailleurs la plus pertinente : le son des guitares et le toucher rythmique s’approchant étrangement de celui de The Edge. Razorlight s’est donc bien éloigné de ses influences « indies » et de ses racines anglaises (les paroles sont d’ailleurs truffées de références au pays de l’oncle Tom), pour pratiquer un rock épique, propre et efficace,  écrire de véritables chansons et les interpréter avec une maîtrise bluffante. La moitié des titres sont ici des singles potentiels (In the morning et sa basse dansante à la Blondie, le touchant America , l’ironique Who needs love…), et ce genre de détails trompe rarement, surtout lorsqu’on précise qu’il n’y a pas de déchets sur l’autre moitié. Certains regretteront certainement cette transformation et diront que Razorlight a vendu son âme pour devenir un produit de consommation FM ; pour ma part, je ne considère pas qu’enregistrer un album pouvant être écouté et apprécié par un très grand nombre de personnes soit un échec. Les trouvailles mélodiques et rythmiques (le guitariste trouve la petite phrase qui tue sur chaque morceaux), la puissance du chant et la qualité des paroles sont décidément autant de raisons pour que vous penchiez une oreille  (je vous préviens, vous risquez de devenir rapidement accroc) sur la lame du rasoir. 

Note: 15/20
A écouter de préférence: Le matin en se levant ou en faisant le ménage...

Lien utile: www.myspace.com/razorlight

Publié dans Megalopaulcritique

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