Sean Lennon: Friendly Fire (Sept 2006)

Publié le par Megalo Paul


   

  Certains font de la musique pour faire avancer le schmilblick et accéder à la postérité, d'autres simplement dans le but d'écrire de bonnes chansons; certains veulent à tout prix réussir pour des raisons moins nobles (gagner de l'argent, coucher avec des groupies...). Il existe encore une dernière catégorie de musiciens: ceux qui pratiquent leur art parce que c'est inscrit dans leurs gènes. Sean Lennon fait partie de ceux-là. Mais je tiens à le préciser tout de suite, le fait que cet artiste soit le fils d'un certain John Lennon ne doit pas nous faire écouter sa musique à travers le prisme déformant du culte de la célébrité. Il serait bien injuste de notre part de ne procéder que par comparaison avec un tel monument. Il est d'ailleurs bon de préciser que Sean Lennon n'a pas besoin de sortitr son livret de famille et ses lettres de recommandations pour s'imposer comme un artiste à part entière: en 98, "Into the Sun", son premier album, avait rencontré un très bon acceuil de la presse spécialisée. Mais le cirque commercial, les incessantes allusions au père, avaient fini par dégouter le jeune Lennon. Il aura donc fallu huit ans pour qu'il enregistre enfin à nouveau, après de multiples collaborations (Cibo Matto, Ben Lee, Jurassic 5, Harper Simon (fils de Paul Simon...) et de multiples liaisons sentimentales (Elizabeth Jagger, fille de..., Yuka Honda, Bijou Phillips...).
    
  Je disais donc au début de cette critique, que certains musiciens font de la musique comme si leur chansons, leurs mélodies étaient gravées dans leurs veines. Il est alors intéressant de parler d'hérédité si on ne s'arrête pas à son aspect "people". Et comment ne pas s'étonner dès ce "Dead Meat "en ouverture de l'album, par la proximité vocale (cette voix nasillarde inimitable) et mélodique (les suites d'accords à la "I'm only sleeping", la tonalité blues...). Le fantôme paternel semble même parfois hanter les chansons jusque dans leur arrangements (ce piano "imaginesque", cet echo spectorien...). Mais ce qui apparaît encore plus étonnant, c'est la qualité d'écriture, la classe et le classicisme qui caractérisent  "Friendly Fire". C'est tellement vrai que cet album vaut bien finalement les réalisations solos de l'ex-Beatles. La voix blanche et soul de Sean (proche de Stevie wonder par endroit), sans aucune impureté, finit de nous convaincre: il n'est pas sûr que le talent soit héréditaire; peut-être l'est-il dans ce cas-là, mais il ne peut totalement expliquer cette maîtrise instrumentale et vocale qui ressort à l'écoute de l'album. Il y a certainement beaucoup de travail, beaucoup d'amour de la musique derrière cette oeuvre. "Friendly Fire" a donc deux faces: c'est à la fois l'album du père à travers le fils, qui réjouira tous les fans lennoniens; mais c'est aussi le travail contemporain d'un artiste unique au talent certain qui définit sa musique comme une rupture sentimentale à laquelle assisterait discrètement une fleur blanche dans une tasse.

Note: 16/20
A écouter de préférence: quand on en a marre d'écouter le dernier Paul Mc Cartney !

Lien utile: http://www.myspace.com/seanonolennon

Publié dans Megalopaulcritique

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